
Écrit par Theresa Vaillancourt
Traduire des poèmes est intéressant parce qu’il y a beaucoup de méthodes de traduction qui peuvent créer des résultats très différents dans la langue cible. Un poème a un sens particulier et utilise un style très spécifique. Le traducteur ou la traductrice ne peut sans doute pas utiliser tous les traits distinctifs du texte original, ce qui fait de la traduction un poème unique, à part. Ce processus peut être compliqué si le texte d’arrivée est la traduction d’une traduction! C’est comme un arbre, il y a le tronc d’arbre (ou le haïku dans sa langue originale), qui a des branches différentes (les premières traductions du haïku) et ces branches ont des petites branches distinctes (les deuxièmes traductions du haïku), toutes uniques. Cette analyse utilise l’exemple de différentes traductions d’un même haïku, du japonais vers l’anglais au français pour montrer comment ces traductions donnent un sens et un style unique au texte d’arrivée.
Un peu de contexte ! Un haïku est un poème composé de trois lignes. Sa première ligne a cinq syllabes, la deuxième ligne en a sept, et la troisième ligne en a cinq.
La traduction des poèmes, mais en particulier des haïkus, présentent des difficultés. Par exemple, il y a des questions sur la méthode de traduction à utiliser. Est-ce que vous utilisez une traduction littérale? Ou est-ce que vous utilisez une traduction poétique? Ces questions ont des réponses différentes pour chaque traducteur ou traductrice, et donc, créent des traductions différentes du même texte.
Par exemple, le haïku de Matsuo Basho sur une grenouille et un étang a beaucoup de traductions.
Le haïku:
“古池や 蛙飛び込む 水の音
Par Matsuo Basho” (“The Meaning of the Frog and Old Pond Haiku Poem” by Matsuo Basho 1).
Ce haïku, donc d’abord écrit en japonais, est très connu pour ses traductions. De nombreuses variations créent des haïkus très différents.
Par exemple, voici une première traduction de ce haïku en anglais:
“Breaking the silence
Of an ancient pond,
A frog jumped into water —
A deep resonance
Translated by Nobuyuki Yuasa” (Ayaz and Khan 46).
Voici maintenant une deuxième traduction, celle-ci en français:
Brisant le silence.
D’un ancien étang.
Une grenouille saute dans l’eau.
Une résonance profonde.
Traduction par Theresa Vaillancourt
Cette traduction n’est pas particulierement poétique. La traduction ajoute une ligne qui n’est pas le style traditionnel d’un haïku.
Mais voici une autre traduction en anglais qui est plus poétique:
“Pond, there, still and old!
A frog has jumped from the shore.
The splash can be heard.
Traduction par Eli Siegel (Ayaz and Khan 45).
Et en français, cela donne:
L’étang, là, calme, ancien!
Une grenouille a sauté de la berge.
L’éclaboussure retentit.
Traduction par Theresa Vaillancourt
Entre les deux traductions, un grand contraste sur le sens de chaque haïku est clair. Le premier haïku donne l’image d’une grenouille qui brise le silence du lieu par son saut. L’idée est que le saut est une surprise qui distrait la vie autour de lui. Au contraire de cette image, la deuxième traduction présente le saut de grenouille comme faisant partie de l’étang. L’accent est mis sur l’étang, pas sur la grenouille dans le premier haïku, ce qui apparaît dans la première ligne par le point d’exclamation. Cette ponctuation dynamique n’est pas utilisée dans les autres lignes du haïku, peut-être parce que ces lignes parlent de la grenouille, pas de l’étang. Donc, le sens est que l’étang est ce qui est important et la grenouille est simplement présente dans l’étang.
Comment conclure??? Quelle est la meilleure traduction? Pour moi, la réponse n’est pas claire. Mais, c’est peut-être qu’il faut accepter qu’il n’y a pas toujours une manière idéale de traduire. Après tout, l’intention de la poésie n’est-elle pas de “résonner” avec chaque personne d’une manière unique? Si oui, les différentes traductions du même haïku le démontrent.
Ouvrages cités:
Ayaz, Gohar and Khan, Muhammad Ali. “One Haiku of Basho with many translations: An imperfect re-creation.” International Journal of English and Education. Vol. 7, Issue 1, January 2018. https://www.academia.edu/35627759/One_Haiku_of_Basho_with_many_translations_An_imperfect_re_creation
Jewel, Mark. “The Beat of Different Drummers: English Translations of Hokku from Matsuo Basho’s Oku no hosomichi.” The JASEC Bulletin. vol. 10, no. 1, 2001, pp. 1-15. https://www.jlit.net/publications/library/Hokku%20Translations%20in%20Basho’s%20Hosomichi.pdf
“The Meaning of the Frog and Old Pond Haiku Poem by Matsuo Basho.” Masterpieces of Japanese Culture, 26 Feb. 2020, www.masterpiece-of-japanese-culture.com/literatures-and-poems/haiku/matsuo-basho/frog-old-pond-haiku-matsuo-basho.
Citation d’image:
Hamamoto, Kana. Basho, Old Pond. 2017. https://soundcloud.com/kana-hamamoto/basho-old-pond
Written by Fren 322
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